La marinière est une des pièces phares de ses collections. Il la conjugue à l'infini. Elle devient l'un des codes de la marque. Gaultier brouille les limites entre le féminin et le masculin. L'absence de genre devient la règle , la frontière en est l' exception .
Gaultier "crossgenderise". Les personnages sont hermaphrodites. Les icônes féminines de cette campagne publicitaire portent leur fémininité tout en étant androgynes. Elles sont à l'image de l'homme. Ce dernier se caresse avec douceur et sensualité.
Mélange des genres et audace donnent le tempo. L'homme incarne le marin de Gaultier, et la femme est à la fois celle du sexe faible ( très blanche) mais aussi celle qui assume son côté masculin.
Le designer réactualise les académismes de l'histoire de la peinture. Dans les représentations picturales classiques, la femme se devait d'être très blanche, alors que l'homme était toujours représenté plus bronzé. Gaultier met alors en lumière deux femmes: l'une très blanche et donc académique, l'autre plus bronzée qui fait figure de personnage feminin-masculin. La sensualité des gestes est empreinte de l'univers féminin. Les formes androgynes des personnages annoncent le règne du masculin. L'équilibre entre les deux mondes se tient. Chaque univers s'imprègne l'un de l'autre pour traduire le flottement par le dialogue des genres. La sensualité s'universalise.
Représentations classiques de la femme et de l'homme
Scénographie : Le bordel chic!
Collections Prêt-à-porter femmes 2009/2010.
Le créateur impose son style : il choisit le bordel parisien des années Folles comme décors.
Les mannequins se transforment alors en "filles de joie". Les silhouettes sont chic et provocantes. Gaultier salue la démesure. Il met en scène l'obscène et se joue des conventions théâtrales. La scénographie est étudiée avec précision. Les collants sont en résille. Les femmes s'androgénysent. Les filles de joie chuchotent, complotent, et boursicotent...La bande-son se prête au jeu. "Roxane you don't have to sell your body to the night"nous dit la voix off, pourtant Gaultier semble nous dire le contraire !
Filles de joie par allure, mais résolument chic dans la démesure. Les décors sont fidèles à la réalité historique. Le créateur nous projette dans un univers où l'absence de règles fait partie du jeu. Quelques fleurs ajoutent du romantisme aux scènes. Portées comme des fouets, elles poussent à l'extrême les frontières des jeux érotiques. Jean Paul Gaultier boute les conventions hors du tableau.
Lorsque certaines s'ébattent, d'autres mannequins se débattent sur le podium. La femme n'est plus du sexe faible. Elle est puissante, décomplexée et joueuse. Elle empreinte le sexe de l'homme pour mieux s'installer dans ses bottes ! Le "G" de génie plane sur la collection, mais c'est sous l'empire du "X" que le défilé trouve sa dynamique. Imprimés, bretelles, résilles, sangles, ont adopté la lettre. Le "X" se quadrille et fait alors office de fenêtre. Serait-ce une invitation au voyeurisme? La lettre révèle d' autres détails plus intimes tels que la peau, les jambes. Gaultier leur redonne alors toute leur noblesse.